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Channel: Compagnons du Devoir/Compagnons du Tour de France
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Encore une tentative d'arnaque : une pseudo tabatière de compagnon tailleur de pierre mise en vente sur eBay

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Si cette nouvelle tentative d'arnaque a échoué, du fait d'une intervention immédiate auprès du vendeur qui a retiré aussitôt l'objet de la vente, sans fournir d'explications ce qui équivaut quasiment à un aveu car il lui avait été suggéré qu'il s'était peut-être fait berner, il est intéressant, afin de prévenir d'autres tentatives ou la réapparition de cet objet dans un autre circuit, d'en faire ici la description et l'analyse.

L'objet proposé à la vente sur eBay.fr au prix fixe de 750 euros était supposé être une tabatière de compagnon tailleur de pierre datée de 1796. Plusieurs photographies en montraient les détails et notamment l'inscription sous le dessous qui permettait de la qualifier de « compagnonnique » et d'en demander un tel prix. Je reproduis ci-dessous deux de ces photos afin que l'on puisse se faire une idée précise de l'apparence de l'objet. Je reviendrai ensuite sur l'inscription.



Photographies « empruntées » sans aucun scrupule sur l'annonce du vendeur !

Les dimensions indiquées sont les suivantes : longueur 13,5 cm, largeur 7 cm, épaisseur 4 cm. L'objet est donné pour provenir du Cantal, dans la région de résidence du vendeur. Comme c'est souvent le cas dans ce genre d'arnaque, ce dernier est tout à la fois affirmatif et dubitatif, ses quelques réserves lui permettant en cas de contestation de protester de son honnêteté en disant que finalement, il n'a rien affirmé… Ainsi, après avoir noté que cette boîte contient deux curieux rangements intérieurs, ajoute-t-il : « il se peut aussi que ce ne soit pas une tabatiere [sic]… la presence [re sic] des rangements interroge sur leur destination et usage ??? »


Il est amusant à remarquer que ce vendeur, par ailleurs très bien noté, est visiblement assez spécialisé en art populaire… et que pourtant il n'a pas reconnu là, après avoir constaté que l'essence du bois lui était inconnue, qu'il s'agissait d'un produit de l'artisanat hindou, en l'occurrence assez probablement une boîte à tilak, ce qui explique la présence des compartiments ! Ce type d'artisanat, au demeurant joli, envahit depuis longtemps déjà les boutiques et son aspect artisanal et ancien peut en effet aisément le faire confondre avec de l'art populaire européen, d'autant que certains symboles, tels les rosaces à 6 pétales et les sceaux « de Salomon », sont communs aux deux. Mais précisément, quand on s'intéresse sérieusement à l'art populaire, on est attentif à ce genre de pièges !

Pour information, les boîtes à tilak servent à contenir les poudres colorées servant à réaliser la marque portée sur le front par la plupart des hindous (marque aussi appelée tika ou bindi, en forme de goutte, bindu en sanscrit). Cette marque est censée porter bonheur et indique également l'appartenance à un groupe religieux pour un homme ou la situation maritale pour une femme. Le tilak rouge est réalisé à partir d'une poudre de curcuma séché, mélangée à du jus de citron vert, le blanc est obtenu avec une bouillie de bois de santal, et le gris est généralement constitué de cendres, qui rappellent le bûcher funéraire. Il existe une grande variété de ces boîtes à tilak, généralement très ornées. Elles sont aussi quelquefois nommées, par amalgame, « boîtes à épices ». Voici la photographie d'une d'entre elles, où l'on voit bien la présence de compartiments, et la parenté avec notre fameuse « tabatière » (dans laquelle le compartiment principal contenait la poudre, celui de forme allongé permettait de ranger le bâtonnet servant à effectuer le mélange de la poudre avec le jus de citron ou autre liquide, le petit servait enfin à faire ce mélange).


Venons-on maintenant au clou de l'affaire : l'inscription cherchant à laisser croire qu'il s'agit d'un objet rarissime, une tabatière de compagnon tailleur de pierre ! Voici tout d'abord la photographie de cette inscription.


En voici la transcription, puis la description/analyse par le vendeur, toujours à la fois affirmatif et dubitatif (je corrige cette fois, notamment les accents qui sont systématiquement manquants dans les textes du vendeur) :

« H.C.P.TAILLANT DE PIERRE
VERDERY ANCELME
CHANTETBOIT
1796
peut-être, sous réserve
(H C P = honnête compagnon passant ?
TAILLANT = tailleur de pierre ?
CHANTEBOIT = chante et boit ?)
à gauche UNE CLEF CROISE UNE FLÈCHE ?
à droite SIGNE DE COMPAGNON ou initiales monogrammées ou les deux à la fois… »

Passons sur le graphisme des lettres, dont la raideur, les lettres à l'envers et le systématisme trahissent sans peine toute la modernité. C'est déjà une première erreur. La faute « taillant » en lieu et place de « tailleur » résulte probablement de la volonté de faire rustique, populaire, comme si nos tailleurs de pierre de cette époque n'avaient pas été capables d'écrire un français à peu près correct ? Tous ne savaient pas lire et écrire correctement en effet… mais c'est bien la première fois que dans mes recherches je vois cette faute-là ! Je ne divulguerai pas ici quelles sont les graphies habituelles des fautes commises par les compagnons tailleurs de pierre les moins instruits : inutile de donner aux faussaires les moyens de parfaire leur art !

Quant à l'abréviation HCP pour « Honnête Compagnon Passant », si elle existe réellement, elle est d'emploi beaucoup plus récent. À la date attribuée à cette « tabatière », elle n'était pas en usage et, de plus, si une autre abréviation avait été employée, ce qui était effectivement fréquent, la faute soulignée juste avant n'aurait pas eu lieu d'être !

La date, venons-y… En 1796, il est assez peu probable, bien que non impossible, que l'auteur de l'inscription ait employé cette manière d'indiquer l'année ! Selon le mois de la réalisation de cette gravure, nous étions en l'an IV ou en l'an V de la République…

Les symboles enfin. Peut-être la flèche croisée d'une clé doit-elle s'interpréter comme étant le nom compagnonnique de notre tailleur de pierre : « La Clef du Trait » ? Non, je plaisante ! Notre compagnon était tailleur de pierre, pas charpentier : ce beau nom compagnonnique n'apparaît en effet jamais dans la liste des noms de tailleurs de pierre. Quant au vague schéma supposé représenter un « signe de compagnon », c'est-à-dire l'équerre et le compas entrecroisés, ou, prudence de notre vendeur oblige, des « initiales monogrammées » (c'est-à-dire formant un monogramme), il montre encore que notre « compagnon » était décidément peu au fait des usages symboliques de sa société, bien que la règle n'était pas toujours respectée.

Toujours au rang des symboles, notre vendeur fait également état, photo à l'appui, d'un décor sous le couvercle représentant un nœud à trois boucles enserrant deux branches à feuilles rondes, dont il se pose la question de l'essence : acacia ? olivier ? buis ? La qualité de la photographie ne permet pas de se faire une opinion bien nette, mais il me semble que ce motif est lui aussi un ajout contemporain — et occidental — destiné à donner à cette « tabatière » une « valeur ajoutée ».


Bref, il convient que les collectionneurs d'objets compagnonniques soient de plus en plus prudents dans leurs achats. Et aussi, bien qu'il faille dénoncer toutes ces arnaques, de laisser les faussaires dans l'ignorance « des secrets du Devoir »…


Deux stèles corporatives en Croatie

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Lionel Royer nous a adressé deux photos de stèles funéraires vues à Knin, en Croatie.

L'une, au nom de HER POS, nous montre une hache, une équerre et une tarière. Elle avait probablement été érigée sur la tombe d'un charpentier.


© Photographie Lionel Royer, D.R.

Sur l'autre, anonyme ou effacée, on distingue plusieurs outils : une pioche, une serpe et une hache, facilement identifiables. L'outil du haut est moins connu. Il s'agit d'un départoir, employé par les fendeurs de bois qui livraient du merrain aux tonneliers, ou plutôt aux doleurs, qui les finissaient sous forme de douelles (ou douves).


© Photographie Lionel Royer, D.R.

Voici quelques précisions sur le départoir, qui ne doit pas être confondu avec le coutre, de forme semblable, mais d'usage différent. André RENARD, dans La Tonnellerie à la portée de tous (Ussel, G. Eyboulet et fils, 1921, p. 21-22), écrit : "Pour fendre le bois, l'ouvrier fendeur se sert d'un outil appelé départoir. Cet outil se compose d'un tranchant rectangulaire en forme de coin en acier trempé d'une longueur de 0 m 30, d'une largeur de 0 m 07 et d'une épaisseur de 0,02 à 0,025 mm, terminé à une de ses extrémités par une douille où s'enfonce un manche de 0 m 50 centimètres de long qui forme avec le tranchant un angle droit. Pour faire pénétrer le départoir dans le bois, l'ouvrier frappe sur le dos du tranchant avec la mailloche. (...)
 
Le bois fendu est dressé à l'aide du coutre. Le coutre a la même forme que le départoir avec cette différence que le tranchant est légèrement arrondi, finement aiguisé et se termine par deux cornes ; contrairement au départoir, le manche plus long que ce dernier de 0 m 10 centimètres ne forme plus un angle droit avec la lame, mais se trouve légèrement inclinée vers elle. Le tranchant est plat d'un côté et biseauté de l'autre. (...) Pour travailler le bois à l'aide du coutre, le fendeur se sert comme appui d'un billot."


Les illustrations accompagnant cet extrait sont celles d'un départoir (fig.27), d'une mailloche (fig 29), d'un coutre (fig. 30), d'un billot (fig. 31) et de la fente d'un quartier au départoir et à la mailloche (photographie ci-dessous).


Il s'agit donc bien sur la stèle d'un départoir. Quant à l'attribution du monument à un métier, nous pensons qu'il était celui d'un taillandier, fabricant d'outils tranchants. On comparera avec l'enseigne de Château-du-Loir (voir l'article Une enseigne de maréchal-ferrant et taillandier à Château-du-Loir (72) ) où figure aussi une hache et une serpe.

Il est étonnant de constater la présence d'outils identiques sur de très vastes géographiques. La question se pose toujours : transmission spatiale d'une forme à partir d'une source unique ? ou bien aboutissement d'une forme identique partout où un même métier était exercé ? La forme d'un outil résulte-t-elle alors d'une évolution tendant vers l'objet parfaitement adapté au but ?

Conférences sur le compagnonnage à Avignon : Les mercredis soir des Compagnons

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En partenariat avec la Fédération compagnonnique des métiers du Bâtiment d'Avignon, je vous propose un cycle de conférences autour de la riche histoire des compagnonnages. Elles se dérouleront au Musée de la FCMB, 37 rue du Four de la Terre, 84000 Avignon.

L’idée est de réunir une fois par mois les jeunes itinérants (Compagnons et futurs Compagnons) de la FCMB et le public intéressé par l’histoire des compagnonnages autour d’un ou plusieurs objets (chefs-d’œuvre, outils, etc.) et archives appartenant au patrimoine compagnonnique, et d’explorer ainsi un aspect particulier ou un thème de ce patrimoine à partir de supports concrets et d’une vidéo projection. Le débat permet d’approfondir certains points et également d’échanger entre les jeunes sur le Tour de France et le public.

CALENDRIER 2015-2016*

Mercredi 21 octobre : Aperçus généraux sur l’histoire des compagnonnages
Mercredi 18 novembre : Agricol Perdiguier (1805-1875), compagnon & député
Mercredi 16 décembre : L’art du Trait : par le compas, la règle & l’équerre…
Mercredi 20 janvier : Jean-Paul Douliot (1788-1834), compagnon & architecte
Mercredi 17 février : Les avatars de Maître Jacques, fondateur du compagnonnage
Mercredi 16 mars : Indiens & Bondrilles, fabuleux Compagnons charpentiers
Mercredi 20 avril : Les Compagnons Passants tailleurs de pierre à Avignon
Mercredi 18 mai : Compagnons du Devoir & Compagnons du Devoir de Liberté
Mercredi 15 juin : Les légendes compagnonniques & l’histoire

* Les thèmes sont indicatifs et peuvent être modifiés. Consulter régulièrement www.compagnons.info ou Facebook / Les mercredis soir des Compagnons pour se tenir au courant du programme précis de chaque conférence-rencontre.

Les conférences se dérouleront de 20 h 30 à 22 h 00, le musée ouvrant ses portes à 20 h 00 afin de permettre au public d’admirer le bâtiment et les chefs-d’œuvre. La durée des conférences est fixée à environ 1 heure et elles sont suivies d’un débat.

Une participation de 6,50 euros par personne est demandée. Le nombre de places étant limité, il est préférable de réserver.

Contact/Réservations : conferences@compagnons.info

Saint Joseph et ses outils à Ille-sur-Tet (66)

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Voici une nouvelle contribution de Daniel IMPERATORI, que nous remercions pour ses talents d’observateur et de photographe. En l’église Saint-Etienne d’Ille-sur-Tet (Pyrénées-Orientales) se trouve un retable construit en 1855 en l’honneur de saint Joseph. La statue du saint, en marbre blanc, est accompagnée de deux panneaux latéraux sculptés.


On y remarque des outils de charpentier peints en or. Le sculpteur a fort bien reproduit maillet, vrille, marteau, ciseau, bédane, équerre, fil à plomb, rabot, valet, tenailles, scie égoïne, compas et poinçon.


© Photographies Daniel Impératori, D.R.

Une plaque rappelle le nom de celui qui a contribué de ses deniers à l’édification du retable, dû à « la munificence de M. Joseph Viada, docteur en médecine, d’Ille ».

 

Avignon : conférence sur Agricol Perdiguier le 18 novembre.

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Ma prochaine conférence du cycle "Les mercredis soir des Compagnons" se déroulera le mercredi 18 novembre. Elle sera consacrée à un Avignonnais célèbre mais finalement assez méconnu en son pays : Agricol Perdiguier (1805-1875), Compagnon du Tour de France et Représentant du Peuple.

Musée de la Fédération compagnonnique des métiers du Bâtiment d'Avignon
37 rue du Four de la Terre
84000 Avignon

Les conférences se dérouleront de 20 h 30 à 22 h 00, le musée ouvrant ses portes à 20 h 00 afin de permettre au public d’admirer le bâtiment et les chefs-d’œuvre. La durée des conférences est fixée à environ 1 heure et elles sont suivies d’un débat.

Une participation de 6,50 euros par personne est demandée.

Contact/Réservations : conferences@compagnons.info

Brève : deux conférences sur les Compagnons du Tour de France à Vesseaux (07) le 31 octobre et le 1er novembre.

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J'aurai grand plaisir à vous présenter samedi et dimanche, dans le cadre des Castagnades 2015 à Vesseaux (Ardèche) et aux côtés des Coteries et Pays de la Fédération compagnonnique des métiers du Bâtiment de Grenoble, deux conférences autour de la fabuleuse histoire des Compagnons du Tour de France.

Une guitarde de compagnon charpentier à Angers (49)

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Une nouvelle fois René Verstraete nous fait découvrir les richesses compagnonniques de sa région. Voici cette fois une guitarde construite par un compagnon passant charpentier à Angers (Maine-et-Loire).


Très bien restaurée, cette guitarde se trouve sur le toit d'une habitation située 42, rue Fulton. En lettres découpées, le charpentier a indiqué son nom : PINEAU, et la date de la construction : 1882. Il n'a pas omis sa qualité de compagnon charpentier Soubise en ajoutant : CHARPENTIER B D D, ce qui signifie Bondrille du Devoir (la contraction "Bondrille" pour "Bon Drille" est courante sur les documents du XIXe siècle).


© Photographie René Verstraete, D.R.

On y remarque aussi le compas et la bisaiguë, blason classique des charpentiers du Devoir, ainsi que les lettres V G T, de la devise des Soubises. Les lettres P F S attestent que ce compagnon a participé à une réception de Mère. Quant à la figure placée au-dessus de la date, il doit s'agir d'un niveau plus que de la lettre A ; la représentation du fil à plomb en bois découpé finement aurait été trop délicate à réaliser et surtout trop fragile.

Un visiteur du site aurait-il quelques informations sur le Bon Drille Pineau, vivant à Angers à la fin du XIXe siècle ?

On la comparera avec une guitarde de construction similaire, à Cinq-Mars-la-Pile (voir l'article : Une guitarde de compagnon charpentier à Cinq-Mars-la-Pile (37).

Merci à René Verstraete pour ce partage de découvertes.

 

Un emblème maçonnique ou compagnonnique à Vauvert (30)

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Un visiteur assidu du site, Christian Schirvel, m'a signalé la présence d'un emblème maçonnique ou compagnonnique à Vauvert, dans le Gard, au 44 de la rue de la République. Cet emblème apparaît en fait à deux reprises à l'identique sur la façade d'un bel immeuble en pierres de taille datant des années 1830-1850 environ : une première fois sur le linteau d'une fausse baie centrale au premier étage, et une seconde fois sur le linteau d'une autre baie aveugle du second étage.

 

L'emblème se compose d'un compas pointes en l'air s'entrecroisant avec un niveau. Dans les deux cas, il prend place au milieu d'une ornementation identique, nonobstant les dégradations plus importantes subies par celle du premier étage.

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DOCUMENT : 17 février 1823, deux compagnons menuisiers du Devoir dénoncent un compagnon malhonnête au maire d'Uzès

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On sait qu'autrefois davantage qu'aujourd'hui, les compagnons de toutes les sociétés, du Devoir comme du Devoir de Liberté, veillaient jalousement à la réputation d'honnêteté de leurs sociétés et, de fait, à celle de chacun de leurs membres. Au-delà des sanctions de la justice compagnonnique, ils n'hésitaient pas le cas échéant à faire appel aux autorités. En voici un témoignage intéressant dans un courrier glâné il y a quelques jours sur un célèbre site internet de ventes aux enchères.

Il s'agit d'une lettre adressée le 17 février 1823 par deux compagnons menuisiers du Devoir, résidant alors à Anduze (Gard), au maire d'Uzès, dans le même département. D'après une mention marginale manuscrite, les informations qu'elle contient ont été transmises au commissaire de police, mais nous ignorons les suites données à cette affaire. Voici la reproduction et la transcription de ce courrier portant la marque postale de la ville d'Anduze :

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Communiqué relatif aux attentats du 13 novembre 2015

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Bien que "Compagnons & Compagnonnages" ne soit pas un blog maçonnique, en tant que moi-même franc-maçon et membre de la Guilde des Blogueurs Maçonniques, je m'associe pleinement au communiqué suivant dont je ne doute pas que les Compagnons de toutes les sociétés partagent in fine l'idéal humaniste.
Jean-Michel Mathonière

Communiqué commun de la Guilde des Blogueurs Maçonniques

Les blogs maçonniques qui publient ce texte ne souhaitent pas ici remplacer leurs obédiences, leurs loges, leurs frères et leurs sœurs. Nous souhaitons, chacun en notre propre nom, montrer notre solidarité commune, ceci malgré nos divergences.

Nos engagements respectifs et nos démarches initiatiques aussi différentes soient-elles nous obligent aujourd'hui à communiquer ensemble et à dénoncer d'une même voix cette série d'attentats de ce 13 novembre, cette barbarie et ce mépris aveugle pour toute vie humaine.

C'est par la transmission de nos valeurs que nous pouvons vaincre, non pas par la haine, les amalgames et toute forme de procès d'intention. Il y a des assassins qui circulent, qui souhaitent nous condamner à la guerre civile et de religion contre nos frères en humanité. Ce sont ces assassins qu'il faut arrêter. Nous souhaitons croire que ce seront nos valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité qui, seules, pourront vaincre l'obscurantisme, à sa racine, bien mieux qu'une armée.

Nous, francs-maçonnes et francs-maçons qui publions ce texte, nous souhaitons porter un message de paix et de tolérance.

Nous demandons à nos sœurs et frères de ne jamais oublier ces massacres, ces victimes et leurs proches en souffrance, de revenir sur les chantiers qu'ils ont délaissé depuis trop de temps déjà, d'oublier les pouvoirs d'appareils et obédientiels, pour travailler ensemble à un monde meilleur et au progrès de l'humanité.

Nous demandons à nos sœurs et frères de porter par ces petites pierres qu'ils sauront tailler un même message d'amour et d'unité contre ces atrocités qui ont blessé notre pays en son cœur afin qu'elles ne se reproduisent plus.

C'est par le courage d'être libre, par le travail de mise en lumière de nos errements tant intimes que sociaux, par le fait de devenir l'exemple même du changement que l'on aimerait voir autour de nous, par notre bienveillance éclairé que nous pourrons transmettre un tel message.

Nous avons dit.

70e anniversaire de la fusion des compagnons charpentiers du Devoir (les Bons Drilles) et des compagnons charpentiers du Devoir de Liberté (les Indiens)

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Nous célébrons aujourd'hui le soixante-dixième anniversaire d'un évènement majeur de l'histoire des compagnonnages français du XXe siècle, celui de la fusion des deux rites des compagnons charpentiers.

Aussitôt la France libérée du joug nazi, les deux rites des compagnons charpentiers se sont en effet rapprochés pour réaliser leur ambition d’avant-guerre et d'avant la création de l'Association ouvrière des Compagnons du Devoir en 1941 : leur fusion. Par une circulaire en date du 29 octobre 1945, la commission instituée à cet effet convoque toutes les chambres (rite Salomon) et cayennes (rite Soubise) des compagnons charpentiers à tenir congrès à Paris. Le samedi 24 novembre 1945, chacun des deux rites tient tout d'abord congrès dans son siège historique : les compagnons charpentiers du Devoir de Liberté (alias les Indiens) rue Mabillon, les compagnons Passants charpentiers du Devoir (alias les Bons Drilles) avenue Jean-Jaurès. Le lendemain, le dimanche 25 novembre, ils se réunissent en congrès de fusion au siège des charpentiers Soubise, au 161 de l’avenue Jean-Jaurès à Paris, un vaste local qui appartient à ces derniers depuis le début du XIXe siècle. Des statuts sont adoptés pour régir la nouvelle société qui, en réalité, prolonge juridiquement l’ancienne société du Devoir : la « Société des Compagnons Passants Charpentiers du Devoir Bons Drilles du Tour de France », association déclarée à Paris le 25 mars 1905, devient ainsi les « Compagnons Charpentiers des Devoirs du Tour de France » dont le siège est à l’ancienne cayenne des Soubise, au 161 avenue Jean-Jaurès. Les anciennes cayennes ou chambres deviennent alors autant de filiales de l’Association des Compagnons Charpentiers des Devoirs et elles sont établies à toutes les anciennes adresses actives des deux Devoirs : Agen, Bordeaux, Cognac, Dijon, Grenoble, Limoges, Lyon, Mâcon, Marseille, Nantes, Paris et Tours.

Cette fusion ne sera cependant pas tout à fait totale et définitive : quelques compagnons charpentiers du Devoir de Liberté souhaiteront conserver leur indépendance, tandis que quelques compagnons charpentiers du Devoir quitteront la fusion pour rejoindre l’Association ouvrière des Compagnons du Devoir. La dynamique nouvelle créée par les Compagnons charpentiers des Devoirs en 1945 aboutira pour sa part à la création de la Fédération compagnonnique des métiers du Bâtiment et autres activités en 1952. 70 ans après leur naissance, les « Chiens-Loups » restent une des sociétés les plus représentatives de la tradition compagnonnique véritable.

 
La Saint-Joseph 2015 devant le 161 avenue Jean-Jaurès à Paris.

Avignon : conférence sur l'Art du Trait le 16 décembre.

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Ma prochaine conférence du cycle "Les mercredis soir des Compagnons" se déroulera le mercredi 16 décembre. Elle sera consacrée au "Trait", terme désignant dans les compagnonnages les formes traditionnelles du dessin appliquées à la coupe des matériaux (par exemple le trait de charpente), et tout particulièrement la géométrie descriptive. Le sujet sera abordé sous l'angle historique et aussi sous l'angle symbolique puisque l'emblème même des compagnonnages — le compas, la règle et l'équerre entrecroisés — fait référence à cette connaissance par excellence qu'est la géométrie.

La conférence sera exceptionnellement accompagnée d'une mini-exposition où l'on pourra admirer des épures anciennes de compagnons tailleurs de pierre, charpentiers et menuisiers, ainsi que des éditions anciennes d'ouvrages de trait de charpente, stéréotomie, etc.


Musée de la Fédération compagnonnique des métiers du Bâtiment d'Avignon
37 rue du Four de la Terre
84000 Avignon

Les conférences se déroulent de 20 h 30 à 22 h 00, le musée ouvrant ses portes dès 19 h 30 afin de permettre au public d’admirer le bâtiment et les chefs-d’œuvre. La durée des conférences est fixée à environ 1 heure et elles sont suivies d’un débat.

Une participation de 6,50 euros par personne est demandée (gratuité pour les itinérants des sociétés compagnonniques).

Contact/Réservations : conferences@compagnons.info

Brève : le Musée du Compagnonnage de Tours rouvre ses portes le mercredi 16 décembre 2015.

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Après deux mois de fermeture pour travaux, le Musée du Compagnonnage de Tours rouvre ses portes au public le mercredi 16 décembre. L’accès n’a plus lieu au 8 de la rue Nationale mais un peu plus bas, devant le parvis de l’église Saint-Julien puis par la cour. L’accueil, la billetterie et la boutique ont été réaménagés au rez-de-chaussée. Le public accède ensuite aux collections de l’étage par un escalier.


© Photographie Jean-Michel Mathonière 2008

Plus d'informations sur le Musée du Compagnonnage, ses horaires, les tarifs d'entrée ? CLIQUEZ ICI.

Vidéo de la conférence "Savoirs et emblèmes du savoir chez les compagnons tailleurs de pierre à la fin de l’Ancien Régime" à la BnF le 30 mai 2015 par Jean-Michel Mathonière

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Un petit cadeau avant Noël ! Vous trouverez ci-dessous les deux parties de l'enregistrement vidéo intégral de ma conférence sur les Savoirs et emblèmes du savoir chez les compagnons tailleurs de pierre à la fin de l’Ancien Régime donnée à la Bibliothèque nationale de France le 30 mai 2015 lors de la "Conférence mondiale sur la fraternité, la franc-maçonnerie et l'histoire : recherches sur les notions de rituel, de secret et leur rapport à la société civile".
Calez-vous bien dans vos fauteuils : il y en a au total pour environ 2 heures 45 !

Nota : Pour la première partie, la conférence proprement dite commence vers 4 mn 55 (faire glisser le curseur jusqu'à ce timing). Elle débute par une brève introduction, en anglais, par Margaret C. Jacob, professeure à l'Université de Californie Los Angeles.

Il reste bien sûr des points à corriger et améliorer, des informations à préciser et à nuancer dans une publication à venir, mais je ne suis pas mécontent de cette prestation et de l'accueil fait à celle-ci par un parterre qui comprenait les principaux historiens de la franc-maçonnerie. C'est une pierre de plus afin de poser plus objectivement la question des liens, aussi bien réels que, surtout, supposés entre les compagnonnages et la franc-maçonnerie, notamment quant aux substrats culturels dans lesquels ces organisations plongent leurs racines.

Vœux pour 2016


Bug informatique dans l'envoi de la newsletter de janvier

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L'envoi de la newsletter de janvier de www.compagnons.info est en cours auprès d'environ 3300 abonnés. Malheureusement, une nouvelle fois, un bug informatique totalement indépendant de ma volonté et sur lequel, une fois l'envoi lancé, je n'ai aucune possibilité d'intervention, fait que vous risquez de la recevoir en 3 exemplaires. Vous voudrez bien m'en excuser en considérant que s'agissant des vœux, mieux vaut les recevoir par trois fois que pas du tout… ;-)

L'Album de dessin d'ornement d'un soldat belge interné en Hollande durant la Première Guerre mondiale

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Un visiteur du « côté site » de Compagnons & Compagnonnages a eu la gentillesse de me signaler un lien « mort », c'est-à-dire ne fonctionnant plus tout à fait correctement, dans la partie Ressources. Il s'agissait en l'occurrence de la reproduction, en basse définition, de l'intégralité des pages d'un album de dessin d'ornement d'un soldat belge, Vincent Rembourg, interné en Hollande durant la Première Guerre mondiale.

Voici donc ce lien corrigé. En attendant une refonte totale du site et du blog, qui offrira non seulement un nouveau design mais aussi de nouvelles fonctionnalités et ressources, voici un lien au visuel désormais quelque peu vieillot mais qui vous permettra d'accéder aux 84 pages de cet album. (Il vous suffit de cliquer sur les flèches en bas de chaque page pour faire défiler les pages en avant ou en arrière.)

L'École du travail était une création du gouvernement belge destinée à fournir un enseignement aux soldats belges internés dans les camps hollandais durant la Première Guerre mondiale. Ainsi, une École du travail était officiellement inaugurée le 10 avril 1915 dans le camp d'internement de Hardewyk, « en présence du général Loke, du ministre belge des sciences et des arts, Poullet, de l'ambassadeur de Belgique, le baron Fallon, de M. O. Buyse et de quantité d'autres autorités civiles et militaires. A ce moment on était parvenu à installer 8 classes à la baraque 33 servant d'église, dix classes à la baraque 40, une salle d'études au même bâtiment, ainsi qu'une salle de réunion. Au total 20 locaux pour 198 cours. Pour la préparation de leurs leçons, les professeurs eurent l'usage d'un chalet coquet, spécialement construit à cet effet. Fin juillet de la même année le nombre d'élèves était le suivant : travail du métal 596 élèves, travail de la pierre 248, travail du bois 242, industrie textile 49, métiers d'art 342, agriculture 266, sciences commerciales 297, police 168, cours généraux 2208. Au 25 août 1915, le nombre d'élèves était monté à 6750 (plus de mille illettrés apprenaient à lire, écrire et à calculer). En octobre 1915, le nombre total des élèves internés (pour l'ensemble des camps) était de 19025, dont 2755 illettrés. […] Pour instruire pratiquement et théoriquement cette armée d'élèves, on utilisa les services de 783 professeurs internés. Le camp possédait en outre deux bibliothèques (environ 500 volumes), une salle de lecture pouvant contenir 300 personnes, enfin une imprimerie. » (Source)

Vincent Rembourg fit après guerre carrière de marbrier. J'ignore dans quel camp il était interné et où il a réalisé les planches de ce carnet, dont seules quelques-unes sont datées de  l'année 1917. Il m'a paru intéressant de reproduire ici cet émouvant document qui témoigne tout à la fois d'un aspect peu connu de la Première Guerre mondiale, l'internement des soldats réfugiés belges en Hollande, et de l'apprentissage du dessin d'ornement pour les tailleurs de pierre, marbriers etc. à cette époque.

Nouvelle adresse postale du Musée du Compagnonnage de Tours

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À compter du 1er février l’adresse postale du Musée du Compagnonnage de Tours devient :

MUSÉE DU COMPAGNONNAGE
1, square Prosper-Mérimée
37000 TOURS

Merci de la noter sur vos carnets d’adresses.

Le courrier adressé à l’ancienne adresse, 8 rue Nationale, sera réexpédié par la Poste mais il est dès maintenant préférable d’utiliser celle-ci. Cette modification résulte des travaux de réaménagement du haut de la rue Nationale.

Encore une canne de compagnon trafiquée en vente aux enchères !

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Un ami et collaborateur régulier de ce blog nous a signalé, une nouvelle fois, une canne de compagnon douteuse parmi les lots d'une vente aux enchères qui aura lieu le samedi 13 février à Bergerac.

La canne elle-même est authentique. Il s'agit d'un modèle classique, datant de la fin du XIXe ou du début du XXe siècle, fabriqué par Proud à Oullins. Mais, comme il est assez fréquent pour cette période, cette canne aura été privée lors du décès de son propriétaire de la pastille portant le nom du compagnon, sa date de réception dans le Devoir et l'emblème de son corps compagnonnique. Et une canne sans pastille compagnonnique, cela n'a plus autant de valeur ! La tentation est grande alors pour les margoulins de tout poil de réaliser une nouvelle pastille : petit investissement à très forte rentabilité.

C'est ce qui s'est passé ici… mais la compétence n'était vraiment pas de la partie ! Car nous voici avec un blason réellement extraordinaire où la besaiguë des charpentiers s'entrecroise avec le compas (jusque là, c'est normal)… et avec l'équerre à onglet caractéristique des menuisiers, en lieu et place d'une équerre simple ! Personnellement, j'aurais trouvé assez seyant d'y ajouter une truelle afin d'aller un peu draguer aussi du côté des compagnons maçons… ou bien un arrosoir pour les compagnons jardiniers-paysagistes !


Capture d'écran depuis le site www.interencheres.com. D.R.

Par ailleurs, si le nom de ce compagnon peut effectivement, d'après sa forme, être celui d'un compagnon charpentier du Devoir (Gascon la Bonne Conduite) mais non celui d'un compagnon menuisier du Devoir, l'indication A.O.C.D.T.F. (pour Association ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France) en guise de société compagnonnique est elle-aussi totalement incrédible : non seulement, à cause de la date de création de cette dernière (1941) qui n'est guère cohérente par rapport à l'ancienneté du modèle de canne, mais aussi et surtout du fait que l'AOCDTF ne constitue pas à proprement parler un corps compagnonnique. Ce sont d'autres lettres qui auraient dû être présentes en lieu et place de celles-ci, pour désigner le corps de métier et non le mouvement compagnonnique. L'indication de l'année de réception aurait été également la bienvenue…

Bref, encore une canne de compagnon trafiquée en vente aux enchères ! Quand donc les commissaires-priseurs feront-il appel à des experts compétents en ce sujet ? Ou les margoulins à d'authentiques compagnons faussaires &#59;) ?

Avignon : conférence sur Maître Jacques le 17 février.

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Je donnerai ce soir au musée de la Fédération compagnonnique des métiers du Bâtiment d'Avignon, dans le cadre du cycle "Les mercredis soir des Compagnons", une conférence sur le riche légendaire de Maître Jacques, fondateur revendiqué par un grand nombre de sociétés compagnonniques.

La conférence sera accompagnée d'une mini-exposition où l'on pourra admirer des éditions anciennes (XVIIe et XVIIIe siècles) du traité de Vignole (1507-1575) sur les cinq ordres d'architecture.

Musée de la Fédération compagnonnique des métiers du Bâtiment d'Avignon
37 rue du Four de la Terre
84000 Avignon

> Pour le stationnement, le plus simple est le parking des Halles à environ 3 minutes (payant).

Les conférences se déroulent de 20 h 30 à 22 h 00, le musée ouvrant ses portes dès 20 h 00 afin de permettre au public d’admirer le bâtiment et les chefs-d’œuvre. La durée des conférences est fixée à environ 1 heure et elles sont suivies d’un débat, puis d'un verre de l'amitié.

Une participation de 6,50 euros par personne est demandée (gratuité pour les itinérants des sociétés compagnonniques et pour les enfants).

Contact/Réservations : conferences@compagnons.info


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